Loin des reproches moralisateurs de la plupart des professeurs de prépa et des conseils illusoires des principaux articles consacrés à la prépa dans les journaux spécialisés, notre ambition est ici de vous donner, en toute modestie, des conseils d'ordre général que beaucoup d'entre nous auraient aimé avoir reçus dès leur première année de prépa.
Nous espérons ainsi vous éviter bien des pertes de temps et autres stress improductifs ; car si vous savez que la réussite aux concours est avant tout affaire de travail, vous savez également qu'il est souvent difficile d'appliquer une méthode efficace, et les résultats du stakhanovisme aveugle sont souvent décevants.
Afin de vous simplifier la tâche, nous avons regroupé nos conseils, et avons dressé une table des "dix commandements" du préparationnaire, du moins tels que nous les percevons.
I. Oublier les mythes !
La plupart des articles consacrés à la prépa parus dans la presse grand public décrivent un univers impitoyable, où la défaillance de l'un provoque plus de joie que de compassion de la part des autres préparationnaires.
Si cela a vraisemblablement existé, vous avez pu constater par vous-même que l'ambiance est plus détendue qu'il n'y paraît. Vous pouvez donc poser votre armure et envisager de travailler en groupe. Le travail en groupe ne remplace pas le travail personnel mais peut le compléter : échange de fiches, entraînement à l'oral... Attention cependant à ne pas dépasser les limites : au delà de trois membres, le groupe a tendance à se disperser et donc à ne plus être efficace.
Un deuxième mythe, encore plus persistant, circule chez les préparationnaires : certains professeurs connaîtraient les sujets. Ceci est entièrement faux. S'il est vrai que des professeurs renommés, en mathématiques et en histoire, ont plusieurs fois traité avec leurs élèves des sujets proches de ceux tombés aux concours, ce n'était pas le résultat de fuites, mais d'un travail assidu d'analyse et d'observation, qui leur a permis de sentir " ce qui était dans l'air ". Ils peuvent se tromper… alors pas d'impasses !
De plus, si effectivement certains professeurs connaissent tout ou partie des sujets dans leur matière - ce qui est très rare -, un code de déontologie leur interdit formellement d'en informer leurs élèves, ce qui laisse une place infime aux fuites réelles.
II. PRIVILEGIER LA REGULARITE
Même s'il est parfois tentant de consacrer ses instants à réviser "l'interro du lendemain", il ne sert à rien de passer une nuit blanche pour réviser une khôlle ou une interro si vous devez être crevé jusqu'à la fin de la semaine et oublier la moitié de ces connaissances péniblement ingurgitées.
En travaillant de façon régulière, vous apprendrez à avoir une vision à long terme jusqu'aux concours, à assimiler durablement les connaissances donc à gagner du temps et à vous épargner la fatigue et le stress du travail par à-coups. Pour cela, il faut vous fixer un planning de travail hebdomadaire. Celui-ci devra être réaliste (sans quoi il serait trop facile de ne pas s'y tenir !) et devra donc comporter des temps de respiration (sport, sorties culturelles, soirées) : même en prépa, la vie quotidienne continue…
III. RESPECTER SON RYTHME Certains extrémistes vont jusqu'à dire que travailler plus de dix heures par jour, cours compris, rend malade. On ne peut pas généraliser, car il existe des petits chanceux qui ont besoin de moins d'heures de sommeil que les autres. Cependant, une chose est sûre : à trop vouloir en faire, on risque d'aller au delà de ses limites et de s'effondrer pendant les révisions, ou pire, pendant les concours. Il faut trouver un compromis entre ce que vous pouvez et ce que devez faire.
A titre indicatif, sachez que le temps de travail personnel en deuxième année est en moyenne de 4 heures par soir pendant la semaine et de 14 heures le week-end. En revanche, il faut compter 12 heures de travail personnel pendant les révisions d'avril (certains vont jusqu'à 16 heures). Les "première année" doivent s'inspirer de ce rythme pour être prêts en deuxième année.
IV. LIMITER LES HEURES POREUSES ET LES PARASITAGES
Evidemment, si vous voulez dormir et travailler suffisamment, vous n'aurez plus beaucoup de temps libre. Il faut donc limiter autant que possible les parasitages et les pertes de temps : cessez donc de vous donner bonne conscience en restant 2 heures devant votre cahier à lire 3 lignes parce que vous avez autre chose à penser… On ne fait alors ni travailler ni se détendre. Arrêtez-vous 1/2 heure pour téléphoner ou aller vous balader pour vous y remettre efficacement par la suite.
V. TRAVAILLER CONCENTRE
On ne fait bien qu'une chose à la fois. Il faut donc éviter de faire des maths pendant le cours de SI ou des langues .Vous ne serez efficace dans aucune des deux matières. Si un cours vous paraît franchement mauvais, il vaut mieux le sécher que d'essayer de faire autre chose pendant. Attention cependant, pour les prépas publiques surtout, au risque d'exclusion. On ne saurait donc que trop vous conseiller de la mesure dans vos absences.
De même, quand bien même la solitude inhérente à une telle année vous pèserait lourdement, ne vous rassurez pas en bossant entourés de copains qui parlent d'autre chose, une radio qui braille, etc… Evitez au maximum d'écouter de la musique quand vous bosser des matières qui demandent de retenir une grande quantité de connaissances ou des matières qui vous posent problème. C'est sympa mais ça ne fait pas avancer très loin !
VI. TOUT EST RELATIF
Durant l'année, intéressez-vous à vos notes mais ne leur accordez qu'une importance relative. Il est surtout important de suivre votre classement, rapporté à celui de votre prépa, plus représentatif de votre niveau au concours. Les bizuths, habitués à de très bonnes notes, sont souvent destabilisés en début d'année par ce qu'ils considèrent comme des " tôles ". Qu'ils se rassurent : la barre d'admissibilité aux grandes écoles française (X, central de Paris,...) est en général comprise entre 9,5 et 10,5/20.
D'autre part, beaucoup d'élèves réussissent autour de vous à obtenir de bonnes notes aux devoirs en classe et en khôlles en bachotant le chapitre peu de temps avant. Même si cela les conforte dans leurs propres estimations sur le moment et que cela vous déprime en retour, sachez que vous serez certainement mieux préparés qu'eux pour le concours en lui-même et qu'il faut donc relativiser l'effet "poudre aux yeux" du bachotage. Si vous avez travaillé régulièrement, vos résultats seront meilleurs aux épreuves elles-mêmes qu'aux devoirs en classe, et c'est bien cela qui compte !
VII.GERER SON STRESS
La prépa est une épreuve d'endurance et il faut donc apprendre à gérer son stress, et celui de son entourage... ! Vous aurez très certainement des moments de découragement et de doute : le plus classique est celui de la rentrée des vacances , après les fêtes de fin d'année et au moment des résultats de la première trimeste, mais ce ne sera sûrement pas le seul. Etre conscient du phénomène ne le rend cependant pas indolore et il est donc important de trouver un moyen d'évacuer le trop-plein de tension qui paralyse au lieu de motiver. Il n'y a pas de moyens universels sauf le fameux "connais-toi toi-même."
Le moment le plus délicat est bien sûr les révisions de Pâques : il faut savoir s'isoler pour ne pas se laisser envahir par cet Autre qui vous fait si peur, récapituler tranquillement tout ce que vous êtes sûrs de savoir, et prendre un gros bol d'air la veille du début des épreuves…
ENFIN : Ne pas oublier... de se distraire
Pour bien vivre en prépa, il faut s’organiser afin de garder des loisirs : sport, musique, amis... Peu importe, pourvu que vous preniez le temps de lever le nez des livres pour réfléchir par vous-même et vous distraire.
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